2008/05/07

As dores da adolescência

«Durkheim a développé quelque part cette idée que les sociétés saines ne se préoccupent guère des problèmes politiques, parce que ceux-ci sont résolus pour elles. Au contraire, si les débats relatifs à la forme du gouvernement et à ses pouvoirs sortent des pages poussiéreuses des traités de droit constitutionnel pour passionner l'opinion en même temps que la diviser, si les préoccupations politiques viennent hanter l'imagination des hommes et leur rêves, alors le symptôme ne trompe pas: il s'agit d'une société malade.
A ce signe, nul ne peut douter du mal qui ronge le monde actuel. Encore est-il plus grand que ne le mesure le critère de Durkheim. Car ce n'est pas seulement l'âpreté des débats politiques présents qui est grave, mais leur contenu. Jusqu'aux premières années du siècle, les choses étaient assez simple: d'un côté, ceux qui s'accrochaient à l'ordre ancien, malgré ses injustices, par intérêt ou par tradition; de l'autre, ceux qui tâchaient de construire à grandpeine un ordre nouveau, où les hommes pourraient vivre et respirer plus librement. Entre ce noir et ce blanc, ce mal et ce bien, comme il était facile de choisir!
Mais voici que tout s'est obscurci, depuis la prodigieuse expérience commencée en 1917 dans les steppes de la Russie mystérieuse et lointaine. (...)»


Maurice Duverger - in Les Régimes Politiques, Conclusion