2008/04/16

A ordem natural das coisas

«En apparence, la doctrine démocratique semble s'opposer à ce phénomène général. Définie comme "le gouvernement du peuple par le peuple", la démocratie n'est-elle pas la négation même de la différenciation des gouvernants et des gouvernés? Dans les cités antiques et quelques cantons suisses actuels, isolés dans la montagne, oú le pouvoir appartient à l'Assemblée général, donc à l'ensemble des citoyens, tous ne sont-ils pas à la fois gouvernés et gouvernants? - Ce n'ést lá qu'illusion et jeu de mots. Parler du gouvernement du peuple par le peuple, c'ést parler pour rien dire. Dans les cités grecques et romaines, comme dans les cantons suisse actuels, les affaires collectives sont gérées d'une façon permanente par quelques hommes qui sont les gouvernants véritables. L'Assemblé du peuple ne siège qu'à intervalles plus ou moins éloignés; elle ne peut régler que quelques rares questions. D'ailleurs, en son sein même, se forme toujours une façon, une minorité agissante, qui entraîne la masse: autre catégorie de gouvernants distincts des gouvernés. D'aprés Aristote, la plus importante des magistratures ethéniennes n'était pas indiquée dans la Contitution; elle appartenait au chef de cette faction qui dirigeait en fait l'Assemblée et dictait ses décisions: Aristote l'appelle le "Premier Minitre (prostates) du peuple". Le plus grand théoricien de la démocratie, Jean Jacques Rousseau, reconnaît d'ailleurs expressément que la distiction des gouvernats et des gouvernés ne peut être suprimée, lorsqu'il écrit: "A prendre de terme dans la rigueur de l'acception, il n'en existera jamais. Il est contre l'ordre naturel que le grand nombre gouverne et que le petit soit gouverné." (Contrat Social, Livre I, chapitre IV).»


Maurice Duverger - in Les Régimes Politiques, Presses Universitaires de France